Stress thermique et zone de confort
La zone de confort pour les bovins laitiers se situe entre 2 et 15˚C. On considère qu’il y a un stress pour l’animal, lorsque la charge thermique devient plus importante que sa capacité à réguler l’augmentation de sa température corporelle. Ce stress a pour conséquences, une diminution de l’ingestion, une rumination ralentie, des pertes hydriques, un changement du comportement et des rythmes physiologiques. Il s’ensuit une diminution des performances (production, teneurs et reproduction), une augmentation des cas de boiteries ainsi qu’un affaiblissement du système immunitaire, entraînant une augmentation du taux cellulaire et une sensibilité accrue à d’autres troubles métaboliques. Le stress thermique est encore plus présent lorsque les bovins sont au pâturage, en pleine journée, sans zone ombragée.
Peu importe le type de traite, le stress thermique est observé à toutes les étapes de l’élevage et de la lactation. Il est notamment facile d’observer l’impact direct de ce stress en fonction des performances quotidiennes fournies par le robot. Lactanet (Canada) a fait une observation, durant l’été 2018, des performances au robot en période de stress thermique. Les ruminations ont diminué simultanément avec l’augmentation des températures et du taux d’humidité ambiant. La diminution de la production de lait a suivi la chute de la rumination. Le niveau de production plus faible a perduré quelques jours après le retour à la normale du niveau de rumination. La période caniculaire a ainsi entraîné une diminution de la rumination de l’ordre de 9.6% et de la production de 11.6% (voir Graphique 1).
Tel que mentionné, les périodes de stress thermique limitent l’ingestion des animaux et impactent également leurs déplacements volontaires. Il y a ainsi directement une diminution du nombre de passage par vache et par jour dans le robot, et de ce fait une baisse du nombre de traites. La diminution du nombre de traites a une influence directe sur la distribution des aliments au robot en période de stress thermique.
Stratégies
La ventilation demeure un élément primordial en période de stress thermique. Pour favoriser les déplacements des animaux, il est important d’avoir une bonne ventilation au niveau de la crèche et de l’air d’attente du robot ou salle de traite. La ventilation doit également être adéquate au niveau de l’aire de repos, pour que les vaches soient couchées, favorisant ainsi la rumination et la production de lait. Une ventilation fonctionnelle sera confirmée par la répartition des vaches dans tout le bâtiment, sans attroupement. Le robot doit également être bien ventilé afin qu’il ne soit pas une zone de protection pour les mouches, ce qui peut potentiellement augmenter les traites incomplètes et ainsi nuire à la production au robot.
En combinaison avec une excellente ventilation, la brumisation réalisée dans les règles de l’art peut contribuer à rafraîchir l’air ambiant et ainsi limiter les effets négatifs de la période caniculaire. La brumisation doit produire de minuscules gouttelettes. Elle ne doit pas mouiller les animaux et leur environnement. Ceci aurait un effet inverse et favoriserait les problèmes comme l’augmentation des cellules, des mammites ou encore la Mortellaro.
Vu que les déplacements sont limités, il est important d’augmenter les points d’eau fraîche et accessibles, afin que l’ingestion soit stimulée et que les vaches demeurent hydratées.
Des stratégies alimentaires peuvent également être utilisé comme l’augmentation du minéral et du sel dans la ration de base à la crèche. De plus, l’ajout d’un minéral tampon et de levures permet de favoriser l’efficacité alimentaire, contribue à conserver les vaches hydratées et à stimuler l’ingestion. Ces éléments permettent de diminuer les risques d’acidose ruminale et donc de favoriser la production et les teneurs du lait, tout en préservant la santé des animaux.
L’appétence est une priorité pour stimuler l’ingestion pendant ces périodes de stress thermique. Il est préférable de servir des fourrages très appétant avec une bonne digestibilité (dNDF). En présence de post-fermentations dans les rations mélangées, il est possible d’ajouter des produits à base d’acide comme 8052 TMR Cool pour limiter l’échauffement des fourrages dans la crèche. Si cela est possible, il est également recommandé de distribuer la ration tôt le matin ou tard le soir, afin de profiter des périodes plus fraîches dans la journée. Il est également recommandé de distribué plusieurs repas dans la journée pour stimuler le déplacement et l’ingestion des animaux. En période de stress thermique, les animaux consommeront davantage pendant la nuit. Il est donc possible de prévoir une part de ration dans la crèche plus importante à ce moment-là de la journée, pour autant que les animaux ne soient pas au pâturage. De plus, le fait d’augmenter la densité énergétique de la ration de base peut augmenter l’appétence et mieux combler les besoins en énergie des animaux, surtout si les traites au robot sont diminuées.
En conclusion, le stress thermique deviendra une réalité. Puisque aucun additif alimentaire ne peut à lui seul compenser toutes les conséquences du stress thermique, il faut planifier de combiner plusieurs stratégies afin que vos animaux et votre revenu subissent le moins possible d’effets négatifs.