Après le vêlage, la production laitière exporte une grande quantité de calcium vers la mamelle. Cette modification brutale du métabolisme calcique est à l’origine d’un trouble métabolique grave, la fièvre de lait ou fièvre vitulaire, appelée à son identification au 18ème siècle, la fièvre du vêlage.
Mécanismes et prédispositions
La fièvre de lait est un accident relativement fréquent, provoqué par un dérèglement des mécanismes de contrôles du métabolisme phosphocalcique. Elle se traduit par une chute du calcium sanguin, c’est l’hypocalcémie, très souvent accompagnée d’une chute du phosphore et/ou magnésium sanguin et une augmentation du pH urinaire, qui intervient généralement dans les 48 heures qui suivent le vêlage.
Le système de régulation de la calcémie ne réagirait pas assez rapidement. Il met en jeu 3 hormones. Certains récepteurs de ces hormones ne seraient pas en nombre suffisant, ce qui limiterait l’efficacité de la régulation calcique. Ce système est mis au repos durant le tarissement et serait à l’origine de ces dysfonctionnements.
Les symptômes
La fièvre de lait ne touche pas toutes les femelles de manière identique, on note des prédispositions :
- Laitières hautes productrices à leurs 3, voire 4ème lactation. Les primipares ne sont quant à elles pratiquement jamais atteintes
- Les vaches ayant été victimes d’une fièvre de lait à la lactation précédente = récidive
- Les animaux ayant reçu un régime trop riche en calcium, en phosphore et ou en potassium et une ration trop énergétique pendant le tarissement.
Il existe deux formes cliniques, un classique que l’on décompose en 3 phases et une nouvelle moins fréquente:
Forme classique
- Phase 1: La perte d’appétit, diminution de l’abreuvement, qui conduit à l’arrêt de la rumination
- Phase 2: la vache se couche, la fréquence cardiaque augmente, la température diminue, ce qui fait dire que le terme « fièvre de lait » est inadéquat, voir abusif.
- Phase 3: l’animal sombre dans le coma, qui mènerait à la mort en cas de non intervention vétérinaire.
La nouvelle forme
Baptisée parésie vitulaire, est de plus en plus rencontrée. Elle concerne plus particulièrement les vaches grasses qui voient leur appétit diminuer avant le vêlage. Les troubles apparaissent plus tardivement que dans la forme classique (de 1 à 3 semaines après vêlage). Attention, une vache couchée ne veut pas forcément dire fièvre de lait. Une métrite, des troubles métaboliques, des carences alimentaires, l’écrasement de nerfs sciatiques, des fractures et/ou des hémorragies coucheront une vache de la même manière. L’intervention du vétérinaire est donc primordiale pour établir un diagnostic. Une injection de sels de calcium peut être mortelle pour une vache qui ne présente pas d’hypocalcémie
Les incidences économiques peuvent être très importantes (mortalité, chute de production, complications diverses).
Prévention
C’est probablement dans le domaine de la conduite alimentaire que des mesures préventives raisonnées pendant le tarissement peuvent être mise en place. Elles concernent principalement la maîtrise des apports en calcium, en phosphore et en magnésium et la manipulation du bilan cations-anions (B.A.C.A.) pendant cette période. Un excès de calcium est un facteur prédisposant. Il est nécessaire de limiter les apports totaux à env. 40-50 g/jour un mois avant le vêlage.
De nombreux travaux ont mis en évidence l’importance également de l’apport en magnésium pendant le tarissement. Les fréquences de fièvre vitulaire augmentent chez les animaux qui reçoivent des quantités insuffisantes de magnésium avant vêlage.
L’apport minéral pendant le tarissement doit répondre à deux objectifs, apparemment contradictoires:
Assurer la reconstitution des réserves osseuses mobilisées en début de lactation, condition indispensable pour assurer l’efficacité des mécanismes minéraux pour la lactation suivante
Prévenir la risque de fièvre de lait par:
- un apport restreint en calcium
- respecter les recommandations en phosphore et équilibrer la ration en fonction de la MSI (facteur de risque si excès)
- respecter les recommandations en magnésium
- limiter, si possible, la concentration en potassium de la ration et ceci durant les trois à quatre semaines qui précède le vêlage
Conclusion
Le coût économique de la fièvre de lait doit privilégier la mise en œuvre de méthodes de prévention et tout d’abord effectuer une conduite raisonnée de l’alimentation minérale au tarissement, et en particulier diminuer l’apport calcique pendant cette période. Ne jamais affourager de substance tampons aux vaches taries.