Au cours de la phase qui se situe entre l’insémination et le vêlage, il faudra porter une attention particulière au management de l’alimentation, aux soins des pieds, à la mise en lot et à la préparation au vêlage. Les génisses, à ce stade, seront complémentées de manière à laisser s’exprimer leur potentiel génétique de croissance, afin d’atteindre le poids souhaité au vêlage. Les principaux systèmes d’alimentation sont les régimes au foin, à l’ensilage et à la pâture. Dans tous les cas, il faut une ration équilibrée et surtout limiter la quantité d’ensilage de maïs. Chaque génisse doit disposer de suffisamment d’espace à la crèche pour qu’elles puissent manger toutes en même temps, avec des fourrages répartis sur toute la longueur.
Eau, sel et fibres
Les trois fondamentaux sont: eau, sel et fibres mis à disposition et accessibles en permanence. La couverture des apports en minéraux doit être assurée: les macros éléments pour le développement du squelette et les oligo-éléments pour renforcer la compétence immunitaire. Un vêlage précoce n’est pas incompatible avec de la pâture. Cependant, si les pâturages ont une forte charge en bétail et donc une disponibilité en herbe réduite, il faudra soit complémenter les génisses avec un alimentateur au pâturage, soit redéfinir l’objectif de l’âge au premier vêlage. Sur le plan sanitaire, chaque éleveur élabore, avec son vétérinaire, un plan d’action spécifique à son élevage sur la gestion du parasitisme. Les analyses (recherches de parasites), les rythmes et modes de traitements seront renseignés.
Parage des onglons
Le parage des pieds permet de corriger la longueur des pieds, d’équilibrer le poids et de corriger les lésions. Les génisses qui se déplacent sur des sols trop souples présenteront une faible usure des onglons, ce qui nécessitera une intervention. La maîtrise de la dermatite sera assurée durant cette phase d’élevage. L’environnement (humidité et saleté) va favoriser ou non le développement de la maladie. Il est extrêmement important de supplémenter en minéraux et plus particulièrement en oligo-éléments les génisses durant la gestation. En cas de forte pression de la maladie, le recours au pédiluve sera inévitable et devra aussi être mis en place. Une génisse posée sur quatre bons pieds se développera idéalement. Elle pourra se déplacer sans gêne entre la crèche, les abreuvoirs et la couche. La période de pâture sera facilitée.
Allotement
L’intégration d’une génisse dans le troupeau des laitières est un défi. Elle va devoir se confronter à de nouvelles congénères. Le transfert des génisses est une source de stress important pour l’animal qui va mettre son système immunitaire à contribution. Il faut intégrer les génisses suffisamment tôt, 4 à 6 semaines avant le vêlage, pour qu’elles puissent se familiariser au nouvel environnement (ration, logement, agents pathogènes). Il faudra renforcer les apports en oligo-éléments, vitamines et antioxydants. Pour limiter le stress, on ne transférera jamais une seule génisse. On veillera à intégrer en même temps, trois, quatre génisses ou plus, même si certaines sont encore un peu éloignées du vêlage.
Préparation au vêlage
Une lactation réussie commence par une préparation au vêlage maîtrisée. L’objectif d’une préparation au vêlage pour une génisse, est le même que pour une multipare: éviter l’hypocalcémie, produire du colostrum de qualité en quantité, gérer le déficit énergétique (maîtriser la perte de poids, renforcer l’immunité et limiter l’inflammation).
Augmentation du magnésium
En préparation au vêlage, 50% de la ration distribuée sera composée des mêmes ingrédients que la ration des vaches en lactation. Du foin structuré sera mis en libre-service pour maintenir le volume ruminal et la capacité d’ingestion. Le paradoxe à retenir est, qu’avant le vêlage, les besoins augmentent dans le dernier mois de la gestation alors que la capacité d’ingestion diminue. Les génisses doivent avoir accès à de l’eau propre. On adaptera les apports en minéraux en augmentant la concentration, en magnésium, notamment. Une balance alimentaire cations anions maîtrisée (pH urinaire entre 6 et 7) limitera fortement le risque d’hypocalcémie. Le volume et la qualité du colostrum seront mesurés. Si la génisse ne produit pas assez de colostrum, il faudra revoir l’équilibre et la concentration de la ration. Si la qualité (concentration en immunoglobulines, IgG) n’est pas suffisante, alors il faudra corriger les apports en oligo-éléments, vitamines et antioxydants. Des compléments naturels permettront de réduire les réactions inflammatoires et limiteront fortement les œdèmes mammaires. Le poids de la génisse après vêlage est un critère très important, car il est corrélé à la production laitière à venir.