La diarrhée néonatale, également appelée diarrhée du nouveau-né, est l’une des affections les plus fréquentes dans l’élevage des veaux et représente un problème central. Les veaux sont particulièrement vulnérables au cours des premiers jours de vie jusqu’à la deuxième semaine, car leur système immunitaire n’est pas encore complètement développé et dépend fortement de l’immunité passive transmise par le colostrum maternel. Les pertes économiques dues à la mortalité, aux retards de croissance et à l’augmentation du travail de soins sont considérables.
Causes et agents pathogènes
Les causes de la diarrhée néonatale sont multifactorielles et résultent de l’interaction complexe entre les agents infectieux, les conditions d’élevage, la gestion de l’alimentation et le système immunitaire du veau. Les agents pathogènes les plus courants sont Escherichia coli (ETEC), les rotavirus, les coronavirus et Cryptosporidium parvum. Des infections mixtes apparaissent fréquemment et aggravent considérablement l’évolution de la maladie. L’infection se fait généralement par voie orale via la litière contaminée, les seaux à tétine, les biberons ou les mains.
Dans les diarrhées d’origine bactérienne, les toxines jouent un rôle essentiel. Par exemple, les ETEC s’attachent aux cellules épithéliales de l’intestin grêle grâce à leurs filaments et libèrent des entérotoxines qui augmentent la sécrétion d’électrolytes, entraînant une perte d’eau massive. Les diarrhées virales résultent de la destruction des cellules épithéliales intestinales, réduisant ainsi la surface d’absorption et perturbant l’assimilation des nutriments. Cryptosporidium parvum infecte les microvillosités intestinales et provoque également une mauvaise absorption. La perte d’eau et d’électrolytes qui en résulte conduit à une déshydratation, une acidose métabolique et une hypoglycémie.
Tableau clinique et évolution
Les symptômes cliniques apparaissent généralement au cours des premiers jours de vie. Les fèces deviennent liquides à aqueuses, parfois jaunâtres ou grisâtres, et peuvent être mousseuses. La perte de liquide entraîne rapidement un enfoncement des yeux, une sécheresse des muqueuses et une diminution de l’élasticité de la peau. Les veaux sont apathiques, restent couchés plus longtemps, tètent moins et réagissent lentement. La température corporelle reste souvent normale, mais peut légèrement augmenter en cas d’infections secondaires ou d’inflammations. Sans traitement, la perte de liquide et d’énergie peut devenir mortelle en quelques heures.
L’évolution de la maladie dépend largement de l’agent pathogène, de l’état général du veau et de la qualité des soins. Les cas légers guérissent en quelques jours, tandis que les infections graves peuvent causer des lésions permanentes de la muqueuse intestinale et compromettre durablement la croissance. Les veaux n’ayant pas reçu suffisamment de colostrum sont particulièrement à risque, car ils manquent d’immunoglobulines et n’ont donc presque aucune protection contre les agents pathogènes.
Diagnostic et traitement
Le diagnostic repose sur les signes cliniques, l’évolution de la maladie et la détection des agents pathogènes dans les fèces. Des tests rapides, des méthodes ELISA et PCR permettent une identification ciblée des germes en cause. Il est essentiel de différencier les causes infectieuses des causes non infectieuses afin d’adapter correctement le traitement.
Le traitement vise principalement à stabiliser l’équilibre hydrique et électrolytique. Les solutions électrolytiques contenant du sodium, du potassium, du chlorure et du glucose compensent les pertes et soutiennent l’apport énergétique. Elles doivent être administrées en plus du lait, et non en remplacement. L’alimentation lactée ne doit pas être interrompue, car elle est essentielle à l’apport énergétique.
Prévention et gestion du troupeau
La mesure la plus efficace contre la diarrhée néonatale est une prévention rigoureuse. Un apport optimal en colostrum constitue la base de toute prophylaxie. Le veau doit ingérer, dans les deux premières heures de vie, au moins 10 % de son poids corporel en colostrum de haute qualité et propre (hygiène). L’hygiène et les conditions d’élevage sont tout aussi importantes. Des boxes de vêlage propres et secs, des ustensiles d’abreuvement désinfectés et la séparation des groupes d’âge réduisent considérablement la pression infectieuse.
La gestion autour de la naissance joue également un rôle essentiel. Le stress chez la vache ou le veau, une désinfection insuffisante du cordon ombilical et une mauvaise hygiène de l’étable favorisent la prolifération des germes pathogènes. Un nettoyage régulier des boxes à veaux et l’utilisation d’une litière absorbante contribuent à maintenir la santé des animaux. Des programmes de vaccination contre les ETEC, les rotavirus, les coronavirus et les cryptosporidies chez les vaches gestantes peuvent améliorer significativement la protection immunitaire passive des veaux, grâce à la transmission des anticorps via le colostrum.
Conclusion
La diarrhée néonatale chez les veaux est une maladie complexe qui ne peut être maîtrisée efficacement que par une gestion globale. L’interaction étroite entre l’hygiène, l’alimentation, la santé animale et l’organisation de l’élevage est déterminante pour réduire le taux de mortalité et assurer la vitalité des jeunes animaux. Un apport colostral rigoureux, des conditions d’élevage hygiéniques et une intervention thérapeutique précoce sont les piliers centraux d’une stratégie durable de lutte contre cette affection. Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible de briser durablement le cercle vicieux de l’infection, de la diarrhée et du retard de développement.