C’est un fait, les problèmes de boiterie chez la vache laitière nuit aux performances zootechniques. Mais qu’en est-il pour les boiteries en traite robotisée ? Une étude réalisée par King et ses collaborateurs en 2017 ont observés l’impact des boiteries chez des vaches en traite robotisée. Ils ont observé que les vaches avec un BCS ≤ 2.5 ont 1.6 fois plus de chances d’avoir des problèmes avec leurs pieds que les vaches avec un BCS = 3. Ceci s’explique par un coussin graisseux plus mince dans le sabot ce qui augmente les risques de lésions à la corne et d’infection comme la mortellaro. Les vaches boiteuses passent plus de temps couché, soit en moyenne 38 minutes supplémentaire par jour que celles qui n’ont pas de problème pour se déplacer. En traite robotisée, ils ont observé une diminution du nombre de traite moyen de 0.3 /vache/jour. La diminution du nombre de traite est accompagnée par une diminution des traites refusées ou des passages par les portes de sélection puisque les vaches boiteuses limite tous leurs déplacements. De plus, elles ont 2.2 fois plus de risques d’apparaître sur la liste des vaches en retard de traite que les vaches sans problèmes aux membres.
Moins de consommation d'aliment
La diminution du nombre de traite a entrainé une diminution de la production moyenne. En effet, la production des vaches avec lésions diminue de 1.64 kg/jour. La perte de lait par boiterie varie donc entre 270 et 574 kg par lactation (0,9 à 1,9 kg/jour sur 305 jours). Selon plusieurs études, 25% des animaux dans un troupeau robotisé ont des problèmes de boiteries, pour un troupeau de 50 vaches la perte de lait peut donc représenter jusqu’à 7’175 kg par année !
Le comportement des vaches avec des problèmes de boiteries aura également un effet secondaire sur la consommation d’aliment au robot. Puisque l’aliment est distribué en fonction des traites, il est possible qu’en diminuant le nombre de traite par jour la totalité de l’alimentation prévue au robot ne puissent être entièrement distribué. La diminution des déplacements de la vache réduit également l’ingestion de matière sèche journalière. La diminution de l’ingestion crée des désordres métaboliques, ce qui impact négativement la reproduction. De plus, les vaches avec un problème de boiterie démontrent moins bien les signes de chaleurs ce qui augmente l‘intervalle vêlage - saillie fécondante contrairement aux vaches qui démontrent adéquatement leurs signes de chaleur. En résumé, la boiterie entraîne en cascade des diminutions de l’ingestion, de la production des recommandations en alimentation au robot et une limitation des accès à la traite. La boiterie est donc un cercle sans fin vers la diminution des performances zootechniques de vos animaux. Les problèmes de boiteries demandent également plus de temps à l’éleveur pour soigner les animaux mais aussi pour aller chercher les retardataires pour la traite, sans compter les frais de traitement et la perte de revenu dû à l’allongement de l’intervalle entre deux vêlages.
Piusieurs pistes de prevention
Puisque les problèmes de boiterie ont un impact direct sur les performances en traites robotisées, il ne faut pas seulement subir les inconvénients de la situation mais la prévenir. Le principal outil de prévention pour votre troupeau est l’observation de vos animaux pour repérer rapidement les individus à problème. Le parage des onglons, préventif et curatif, est un outil essentiel pour la gestion de problème de boiteries. D’autres options doivent également faire partie du coffre à outils de préventions de la boiterie comme :
- Utiliser le pédiluve pour limiter la propagation des agents pathogènes.
- Alimentation enrichie en minéraux, oligo-élément et substances tampon.
- Stimuler le système immunitaire avec des additifs alimentaires permettant de limiter le stress oxydatif des animaux et renforcer leur réponse immunitaire.
- Contrôler la santé du foie pour préserver le fonctionnement du métabolisme hépatique.
- Le revêtement du sol.
Le type de revêtement de sol a un impact sur la fréquence des boiteries dans un troupeau laitier. Selon Wedzerai (2022), seules les surfaces en caoutchouc limitent le pourcentage de vaches atteintes de boiteries au même niveau que les surfaces naturelles comme l’herbe et le sable. L’asphalte peut doubler le nombre de cas et le béton peut tripler le nombre de vaches avec des problèmes de boiteries. Si vous êtes en réflexion pour un projet de construction ou de rénovations, il est judicieux de bien choisir la surface du sol, mais également de prévoir un emplacement pour la cage de parage afin d’intervenir rapidement et facilement lors de l’observation des animaux avec boiterie.
Pour conclure avec une situation similaire, si le week-end passé vous étiez allé faire une balade en montagne ou vous avez joué un match de foot mais que vous vous êtes blessé à un pied, est-ce que vous changez votre comportement. Vous allez sûrement limiter vos déplacements pour éviter d’augmenter la douleur. Pour la vache c’est la même chose, si elle a mal aux pieds elle limitera ses déplacements volontaires pour aller manger, se coucher et se faire traire ! Les problèmes de boiteries sont accentués en traite robotisée mais ils ont également un impact important pour tous les systèmes de traite et d’alimentation.