En 2022, le projet MaisNet a entamé sa deuxième année d’expérimentation et la récolte, y compris l’échantillonnage du maïs et du sol, a déjà eu lieu. L’objectif de ce projet est, d’une part, de mettre en réseau les acteurs suisses du maïs (agriculteurs, conseillers, commerçants et chercheurs) et, d’autre part, de développer techniquement la culture du maïs suisse conformément à la mission multifonctionnelle de l’agriculture et de la rendre apte à faire face à l’évolution des conditions générales. L’accent est mis sur l’utilisation de l’azote et le rendement afin de promouvoir une production aussi efficace et écologique que possible.
Les premiers résultats de l’évaluation de la récolte 2021 sont certes déjà disponibles, mais ils ne sont pas universels en raison du manque d’années de comparaison et des conditions météorologiques particulières avec un été très humide : le rendement moyen sur les surfaces non fertilisées était de 152 dt/ha pour le maïs ensilage et de 88 dt/ha pour le maïs grain. La fertilisation du maïs d’ensilage a permis d’augmenter le rendement de 31 dt/ha en moyenne sur 31 parcelles et de 32 dt/ha sur le maïs grain (10 parcelles), mais aucune augmentation du rendement n’a été constatée sur cinq parcelles. Dans certains cas, la surface non fertilisée était clairement visible dans le champ, alors que ce n’était pas le cas sur d’autres parcelles. La deuxième saison d’essai a débuté au printemps 2022, mais contrairement à l’année 2021, elle ne comportait plus deux méthodes par parcelle (variante non fertilisée et variante fertilisée selon les normes de l’exploitation), mais si possible trois variantes. En outre, la variante de fertilisation recommandée a été mise en œuvre. Les besoins en azote pour la fumure de couverture ont été calculés sur la base de différentes informations relatives à la parcelle et à l’exploitation (p. ex. culture précédente, analyses Nmin au stade 4-5 feuilles, caractéristiques du sol). Comme l’année précédente, dans des conditions pourtant très différentes, la variante non fertilisée était bien visible sur certaines parcelles en 2022, alors qu’elle ne l’était pas sur de nombreuses autres.
La teneur en Nmin dans le sol après la récolte variait en outre fortement en 2021 (et aussi en 2022) entre 20 kg et > 200 kg Nmin/ha, et ce aussi bien sur la surface non fertilisée que sur la surface fertilisée des parcelles observées. En ce qui concerne l’impact sur la qualité du maïs ensilage en 2021, la fertilisation n’a pas fortement influencé la digestibilité (76,5 % dans la variante non fertilisée contre 75,8 % dans la variante fertilisée), ni la teneur en amidon (412 g/kg MS dans la variante non fertilisée contre 416 g/kg MS dans la variante fertilisée), ni la teneur en NEL (6,9 MJ/kg MS). En revanche, la teneur en protéines a augmenté dans les surfaces fertilisées, passant de 60 à 66 g/kg MS. La comparaison entre la variante fertilisée et la variante non fertilisée permet également de déterminer l’efficacité d’utilisation de l’engrais sur la parcelle. L’efficacité d’utilisation indique quel pourcentage de l’engrais épandu a été effectivement absorbé par la plante. Pour le calcul, l’azote absorbé par l’engrais et incorporé dans la plante, compte tenu de l’azote déjà présent dans le sol, est mis en relation avec l’azote fertilisé et exprimé en pourcentage. Cette efficience de l’azote par parcelle (REfertN) était très variable dans les champs échantillonnés et s’élevait en moyenne à 47 % pour le SM en 2021. Dans 50 % des champs, l’efficacité était comprise entre 20 et 70 %. Les valeurs supérieures à 90 % indiquent un risque plus élevé de dégradation de l’azote dans le sol, tandis que les valeurs inférieures à 50 % indiquent une faible efficacité et un risque plus élevé d’excès d’azote.
Le calcul des besoins en azote dans la variante «fertilisation recommandée» s’effectue entre autres à l’aide de la méthode Nmin d’Ulrich Walther. La formule utilisée part d’un apport d’azote d’environ 30 kg N/ha lors du semis. Les facteurs suivants sont pris en compte dans les calculs : Les cultures précédentes et/ou la culture intermédiaire, la teneur en argile, la teneur en humus et la quantité d’azote pendant la phase de végétation (analyse pendant le stade 4-5 feuilles). Le résultat du calcul donne la quantité d’azote recommandée par hectare pour le(s) dernier(s) apport(s) d’engrais.
Auteurs : Pierre-Yves Perrin et Rahel Emmenegger (FSPC), Tiziana Vonlanthen et Jürg Hiltbrunner (Agroscope)